Mark Reynier, l’ancien co-propriétaire de Bruichladdich, a fondé la distillerie Waterford en 2015. Désireux de mettre en avant la notion de terroir, il travaille en étroite collaboration avec une centaine de fermiers irlandais. En 2016, il produit le premier whisky irlandais bio et plus récemment, à l’instar des plus grands vignerons, il décide de distiller un whisky à partir de céréales cultivées en biodynamie. Élaborée à partir d’une orge bio provenant de six fermes, cette version résulte de l’assemblage de fûts de bourbon de premier remplissage (42 %), de fûts de chêne neuf américain (17 %), de fûts de chêne français (23 %) et de fûts ayant contenu un vin doux naturel (18 %). Ecrire que l’orge maltée est au cœur de la dégustation est un euphémisme. En effet, qu’elle soit dominante ou bien plus en retrait, elle est toujours présente jusqu’à revêtir des tonalités rustiques qui mettent particulièrement bien en évidence le travail des hommes qui lui ont donné naissance.
Fin, racé. Très joliment vanillé et herbacé (verveine, sauge), le premier nez est également merveilleusement lactique (coco, lait d’amande) et citronné. À l’aération, des fruits mûrs (poire, mirabelle), de la menthe verte et de la cire d’abeille procurent une très agréable sensation de maturité et de fraîcheur à la palette aromatique. Avec le temps, quelques épices (poivre, muscade, girofle), une pointe de camphre et du baume du tigre font ressortir les qualités d’un distillat délicat et renversant de naturel.
Bouche
Ample, riche. Avec le même entrain vanillé, floral et herbacé qu’au nez, l’attaque en bouche revendique avec fierté l’insouciance de son jeune âge. Véritable colonne vertébrale de la palette gustative, l’orge maltée s’approprie le milieu de bouche. Il émane d’elle des notes de réglisse verte, de noix fraîches et de fleur d’oranger. À la fois ferme et onctueuse, elle devient finement cacaotée et gourmande (pomme au four, poire confite).
Finale
Longue, soyeuse. Magnifiquement rustique, l’entame de la finale est champêtre, bien entendu maltée et herbacée (camomille, sauge, sarriette). Finement tannique, son toucher de bouche oscille entre amertume vivifiante (gentiane) et douceur fruitée (pulpe de raisin et de prune jaune). Synthèse parfaite du nez et de la bouche, la rétro-olfaction passe du distillat à l’orge maltée et de l’orge maltée aux fruits.
Origine et fabricationLe père du Single Farm Origin
En 2012, 12 ans après l’avoir racheté, Mark Reynier revend Bruichladdich sur Islay, où il a entamé une dynamique visant à intégrer le terroir dans la fabrication du whisky. Mais c'est en Irlande qu’il vient parachever cette démarche. Sur cette nouvelle terre promise, il vient poursuivre sa quête de mise en valeur de l’orge dans l’ancienne brasserie Guiness dans le comté de Waterford sur la côte sud-est de l’Irlande à l’embouchure du Suir.
C’est toutefois en contrepoint avec la tradition Irlandaise que Waterford va s’établir. Il n’y aura ici nul single pot still, triple distillation et pas de whiskey mais bien du whisky !
Pour faire ressortir le ‘Teireoir’, Reynier et son équipe associent des agriculteurs au projet. Leur objectif est de les guider dans leurs cultures afin d’accéder à diverses variétés d’orge. En sus, l’utilisation de sols variés, l’accompagnement dans le passage au bio ou encore la biodynamie, vont permettre d’explorer la notion de terroir.
Dans les anciens locaux de la brasserie, fabriqués en 2004, Waterford bénéficie d’une infrastructure dernier-cri, ainsi que des cuves de brassage quasi neuves restées sur place. Afin de conserver au maximum les arômes des grains, l’empâtage se fait durant plus de six heures et plusieurs étapes successives. La fermentation a lieu dans seulement 4 des 26 washbacks légués par l’ancien propriétaire pendant 90 à 100 heures.
C’est enfin dans deux alambics rachetés à la distillerie d’Inverleven que Waterford vient magnifier le travail précédemment réalisé par leurs partenaires agriculteurs. Le distillat est ensuite enfûté sans réduction dans des fûts de bourbon rigoureusement sélectionnés auxquels s’ajoutent environ 20 % de chêne vierge américain, 15 % de jeunes fûts de vins en chêne français et 15 % de sherry, de portos, de madère ou d’autres vins doux naturels.
Enfin, le whisky produit est embouteillé dans leurs désormais célèbres bouteilles bleues caractéristiques, sur lesquelles viennent s’apposer de sobres étiquettes dont la mention principale n’est autre que la ferme d’où est issue l’orge distillée !
Année de fondation
2012
Capacité de production
1 000 000
Nombre d'alambics
2
Fun fact
La distillerie envisage de tripler sa capacité de production dans les années à venir, et ainsi exploiter une partie des 22 washbacks non utilisés.